Le tonnerre gronde

Le jeune Lei Shen, fils d’un seigneur de guerre, était né durant la terrible ère des cent rois. Tout comme ses frères, il était doté d’une grande force, et maîtrisait l’art de la guerre. Contrairement à ses pairs, les attentes de ce jeune homme habité par les légendes de ses ancêtres dépassaient la simple soif de conquête.

Une fois adulte, à la tête de ses propres légions, Lei Shen fit part de sa volonté d’éveiller les dieux. Seul son serviteur le plus fidèle l’accompagna là où aucun mogu n’avait osé s’aventurer : dans les entrailles de la montagne Fulminante, demeure sacrée de celui que les mogu avaient appelé maître.

Lei Shen descendit dans les profondeurs de la montagne.

Ce fut le roi-tonnerre qui réapparut.

Avant la fondation de l’ancien empire de Lei Shen, se tenait un haut-plateau balayé par une tempête éternelle lui valant le nom de « montagne Fulminante ». C’était le trône ancestral de celui que les mogu avaient jadis appelé « maître »

L’histoire ne relate pas les trouvailles de Lei Shen lors de son périple au cœur de la montagne. Il en revint cependant investi de la puissance d’un millier de tempêtes, et fit du mont le siège de son pouvoir. Au sommet, il bâtit la majestueuse cité interdite.

On raconte qu’après la mort de Lei Shen, la montagne refusa tout autre maître, et que les tempêtes reprirent de plus belle. Les futurs empereurs déplacèrent le trône du pouvoir impérial vers le val de l’Éternel printemps.

La montagne Fulminante continua à inspirer la crainte, même au temps du dernier empereur pandaren, Shaohao. La montagne faillit disparaître sous les flots lorsque la Fracture déchira le monde. Peut-être le dernier empereur jugea-t-il nécessaire de la sauver, ou plutôt craignait-il tant le secret enfermé en son sein qu’il veilla à le garder enfoui. La cité sur la cime, désormais une île, était enveloppée d’un voile de brume, comme le reste de la Pandarie.

Armé du pouvoir des tempêtes, le roi-tonnerre rassembla ses fidèles et se lança dans une guerre de conquête contre les autres seigneurs de guerre mogu. Beaucoup refusèrent de se courber sous son joug : les plus chanceux furent réduits en poussière en un éclat de foudre, ou piétinés par ses légions grandissantes. Les autres furent traînés par des chaînes jusqu’à ce que le souverain les juge suffisamment « brisés ».

Mais de nombreux mogu virent en Lei Shen l’unité qui leur faisait défaut depuis que leurs maîtres s’étaient enfermés dans le silence. Ils se rassemblèrent sous la bannière du roi-tonnerre. Ils lui obéirent aveuglément lorsque Lei Shen décida d’asservir les autres peuples, partageant sa croyance : les races inférieures existaient pour servir les mogu, tout comme ils avaient eux-mêmes servi leurs maîtres.

Lei Shen uniformisa le langage, établit une monnaie unique, standardisa les poids et les mesures, et fonda un empire.

Pour la première fois, les races étaient unies. Le roi-tonnerre considéra que leur souffrance n’était qu’un maigre tribut… une simple faiblesse de la chair.

Les écrits relatifs à l’agriculture, à la médecine, et les poèmes épiques datant des années précédant l’ancien empire témoignent de l’insatiable soif de connaissances des pandaren.

Le roi-tonnerre ne manqua pas de repérer le grand potentiel de ce peuple, ce qui eut pour effet d’éveiller sa méfiance.

Après la conquête de leur territoire, il interdit l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les dirigeants et philosophes furent exécutés. L’ensemble de la littérature et de l’art pandaren fut brûlé. Seul le langage mogu était autorisé, tout être surpris à parler une autre langue était considéré comme un conspirateur, un crime souvent puni de mort.

Toutes les œuvres des premiers artistes et écrivains pandaren furent à jamais perdues.

Des siècles plus tard, le monde connut d’autres grands érudits pandaren... mais ils s’exprimaient dans un langage qui n’était pas vraiment le leur.

Qu’est-il advenu du peuple mogu ? Regardez-vous. Vous valez à peine plus que les sauvages autrefois utilisés pour bâtir nos cités.

Le peuple mogu est destiné à régner. C’est la raison de notre présence en ce monde. Nos paroles sont empreintes de pouvoir ! Nous nous devons de terrasser par la force ceux qui refusent de se plier à notre volonté.

Mais la force ne peut exister sans unité, elle-même dépendante de l’obéissance. Obéir à votre empereur et exiger l’allégeance de vos sujets, voilà l’ordre naturel des choses.

En vous affrontant, vous bafouez votre propre nature. Ce monde repose sur un ordre précis, une force qui émane de notre empereur et investit la moindre pierre. Ne l’oubliez pas.

Ensemble, nos voix résonneront à travers les terres en un grondement de tonnerre annonçant la tempête. Vous êtes cette tempête !

Mogu, élevez-vous ! Et reprenez la terre qui vous revient de droit !

Il y a fort longtemps, les armées de Lei Shen marchèrent sur le sommet de Kun-Lai. Les quelques peuples libres qui y vivaient firent front du mieux qu’ils le pouvaient, forts et insoumis jusqu’au bout. Ils n’abandonneraient pas leur terre à ce roi-tonnerre.

Mais la conquête du territoire n’était pas la raison de la venue de Lei Shen, seul le peuple l’intéressait. Son empire grandissait, et la construction des cités et des forteresses nécessitait des esclaves.

Plutôt que d’attaquer le sommet, Lei Shen tonna de sa voix puissante : « Choisissez votre plus valeureux guerrier, et laissez-moi l’affronter, face à face. Si je gagne, votre peuple devra se soumettre à ma volonté. Si je perds, je laisserai ces terres en paix. »

« Je suis prêt à relever ce défi ! », résonna une voix dans la montagne, d’une puissance qui rivalisait presque avec la prestance de Lei Shen.

Xuen, le tigre blanc, descendit des montagnes. L’Astre vénérable ne pouvait supporter un instant de plus la détresse des peuples libres.

Et c’est ainsi que commença le duel des légendes. La foudre tombait du ciel et le sol grondait sous la fureur des deux combattants. La sorcellerie s’opposait à la vitesse, la haine se mesurait à la force.

On raconte que ce duel dura trente jours et trente nuits, et les émotions libérées par ce duel réveillèrent la puissance des sha.

Mais à la fin, Xuen tomba, écrasé par la force des pouvoirs surnaturels de Lei Shen.

« Ta magie rustique ne fait pas le poids face à ma sorcellerie, imbécile de tigre, mugit Lei Shen. J’admire ta ténacité, mais ton geste de défi doit être puni. »

Le roi-tonnerre s’adressa au peuple de Kun-Lai en ces mots : « Sachez une chose, ceux qui oseront me défier connaîtront l’ampleur de mon courroux ! Je ne laisserai pas la mort délivrer cette créature de ses souffrances. Au cœur de ces montagnes, nous bâtirons une prison, sa demeure éternelle. De ce pic, il mesurera pleinement les conséquences de sa défaite, et vous et votre progéniture deviendrez les esclaves de mon empire. »
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C’est ainsi que Xuen fut placé sur le pic du sommet de Kun-Lai, témoin forcé de l’asservissement des pandaren et des hozen. Mais le tigre ne céda jamais à la torture de Lei Shen. En captivité, ses forces se décuplèrent. Sa défaite était une leçon, son orgueil maîtrisé, il attendit le jour où un jeune esclave pandaren oserait défier la puissance des empereurs mogu.

Écoutez les paroles du roi-tonnerre !

Par ma résurrection, les Zandalari ont honoré une vieille dette. Nos destins sont à jamais liés. La chute de leur empire entraînera l’avènement du nôtre. Prêts à servir notre cause, ils nous ont promis des navires, des hommes et des bêtes. Une fois nos terres récupérées, ils se verront accorder de belles propriétés le long de la côte nord.

Nos alliés sont certes petits, mais ne sous-estimons pas leur force et leur maîtrise des arcanes. Ils ont déjà combattu les envahisseurs de la Horde et de l’Alliance, et leur expérience nous sera des plus utiles.

L’union des trolls et des mogu nous assurera la mainmise sur les créatures inférieures. Nous retrouverons le monde tel que nous l’avons connu, tel qu’il aurait toujours dû être.

Bien après la fin de l’âge des titans, les mogu, désormais des êtres de chair, se livrèrent une guerre sans fin, s’enfonçant dans le chaos. Les seigneurs de guerre mogu se disputèrent le territoire et le pouvoir. C’était l’ère des cent rois.

L’ère de Lei Shen. Jeune et gonflé d’orgueil, il assista à la ruine de l’œuvre de ses ancêtres, perdue dans ce décor apocalyptique. Il avait l’intime conviction que son peuple n’était pas à la hauteur de son destin, ni de son potentiel.

Les titans ne disant mot, Lei Shen se fit donc leur porte-parole.

Les collines d’or de Pandarie
En un temps lointain et honni
Furent d’une terrible horreur le nid
Quand de son val sacré si clair
Surgit ce monstre nimbé d’éclairs
Nommé Lei Shen, le roi-tonnerre
L’orage balaya la contrée
Et ceux qui osèrent résister
Dans sa poigne de fer furent broyés
Somptueux palais et grande muraille
Pour cet empire, fruit du travail
D’esclaves traités comme du bétail
Passent les saisons, meurent les tyrans
Évanouie, la fureur d’antan
Dessous Kun-Lai, tonnerre dormant
Par les trolls zandalari il fut enlevé
Par les chants zandalari il s’est réveillé
Ensemble, héros ! Sonnez le tocsin !
Le roi-tonnerre revient
Le roi-tonnerre revient